Jean-Noël Poivre a enseigné pendant 18 ans le grec aux étudiants de première année, c’est toute une génération de pasteurs qui a découvert la langue du Nouveau Testament grâce à lui.
Cette année 2020, un peu spéciale, marque la fin d’un cycle. En effet, sa mission à l’IPT a pris fin en juin dernier mais c’était sans compter sur les sessions intensives de rentrée pour lui permettre d’intervenir une dernière fois auprès des étudiants.

Désormais membre du conseil presbytéral de l’EPUMA, c’est une nouvelle histoire qui commence pour lui. Il revient pour nous sur ses années passées à l’IPT.

 

Jean-Noël, pourriez-vous nous dire quelques mots sur votre parcours ?

J-N.P. : J’ai fait toute ma carrière dans l’enseignement public, en tant que professeur de lettres classiques, dans le Nord-Pas-de-Calais à mes débuts, puis à Montpellier et à Castries, après ma mutation dans le sud. Et j’ai pris ma retraite de l’Éducation nationale il y a deux ans maintenant.
J’ai rejoint l’IPT-Faculté de Montpellier il y a 18 ans, lors de la rentrée 2001-2002. Mais cette année 2020 est malgré tout une première pour moi, car je n’avais jamais assuré les sessions intensives de rentrée. Pascale Lintz, qui fut une de mes premières étudiantes ici, et qui a passé son doctorat en 2006, a fait appel à moi suite à un empêchement de dernière minute. C’est elle qui dispense habituellement les cours des sessions intensives. Je l’ai remplacée au pied levé, et avec joie, pour encadrer durant cette semaine les étudiants de L1 et dans une moindre mesure les L2.

Passer des collégiens aux étudiants de l’IPT, cela doit demander une certaine agilité ?

J-N.P. : Ce qui est surprenant, par rapport au public de collégiens auprès duquel j’intervenais en tant que professeur de lettres classiques, c’est la diversité des parcours et des origines des étudiants de l’IPT. Rares sont ceux qui nous arrivent tout juste sortis du bac. En tant qu’enseignant, il faut s’adapter aux variations des effectifs – certaines années sont pleines et d’autres moins fréquentées – et aux degrés d’investissement des étudiants qui varient en fonction de leurs parcours professionnels et de leurs âges.  Les étudiants d’origines africaine ou malgache apportent un regard différent, des attentes qui ne sont pas identiques à celles de nos protestants européens. Il faut travailler les cours en prenant en compte ce panel d’une diversité extraordinaire. Sans compter que nous avons aussi régulièrement, par le biais de notre partenariat avec l’université de Heidelberg, des étudiants allemands.
Enfin, il y a l’enseignement à distance qui apporte son lot d’étudiants menant généralement de front études et vie professionnelle.

Vous prenez votre retraite, avez-vous déjà de nouveaux projets ? Un voyage en Grèce peut être ? Que peut-on vous souhaiter ?

J-N.P. : Aussi étrange que cela puisse paraître, je ne suis jamais allé en Grèce. Mais j’ai bien prévu de m’investir ici encore puisque j’ai accepté de faire partie du conseil presbytéral de l’EPUMA (Montpellier Agglomération). J’ai, en Pascale qui me succède maintenant, une confiance absolue. Je suis heureux d’avoir travaillé avec elle durant ces dix dernières années, en tant que co-enseignant. Je pars pour de nouveaux horizons mais je sais que les étudiants sont entre de bonnes mains avec elle, et avec Céline Rohmer à partir du niveau L2.

Pour conclure, une phrase sur ces années passées à l’IPT ?

J-N.P. : J’ai fait des rencontres magnifiques au sein de cette Faculté, et je crois sincèrement que j’ai reçu bien plus que je n’ai donné.

 

 

Le point de vue de Nelly, étudiante en L1

« J’avais croisé Jean-Noël au cours d’un culte de rentrée alors que j’étais dans une situation de fatigue extrême, en raison d’une grossesse difficile. Par la suite, des évènements tragiques ont précipité le cours des choses mais la vie a repris ses droits, et il m’a été permis de recroiser le chemin de celui qui fût pour moi un  « messager », un ange de bonté et d’abnégation. Il m’a accueillie en session intensive de grec alors que mes capacités intellectuelles, telles que la mémoire et la concentration, étaient bien mises à mal. Et j’ai pu me remettre en selle contre toute attente. J’ai rencontré un frère, au-delà du professeur. Son humilité force le respect et mon admiration. Il fut pour moi l’écho de Matthieu 20,16: Les derniers seront les premiers. Rencontrer Jean-Noël est une grâce que je souhaite à tout le monde. »