La deuxième édition d’Alternative théologique s’est tenue à Paris, à la Faculté de théologie, du 25 au 31 août, sur le thème « Liberté, quand tu nous tiens ».
D’autres témoins s’étant déjà fait l’écho de la qualité des échanges entre les participants et de la vie du groupe, il nous a paru utile de revenir sur cette belle expérience en mettant l’accent sur la manière dont la thématique a été étudiée.
Après un temps d’accueil et d’animation pour entrer en matière sur le thème, le premier apport théologique a été proposé par les professeurs Marc Boss et Pierre-Olivier Léchot, autour de l’émergence, à l’époque moderne, de la notion de liberté de conscience, avec John Locke et Roger Williams notamment. Un travail biblique sur un passage de 1 Corinthiens (« tout est permis… »), conduit par le professeur Nicolas Cochand, a permis ensuite de reprendre ces notions à partir de la question de Paul : Pourquoi ma liberté serait-elle jugée par la conscience d’un autre ? » (1 Co 10, 29).
De nouveaux angles ont été abordé le lendemain avec les professeurs Guilhen Antier et Anna Van Den Kerchove. Romains 7 met en tension les notions d’esclavage et de liberté. Une approche historique, à la lumière de la lecture qu’Origène fait de ce texte de Rm 7, a montré que, dans l’Antiquité, la liberté ne s’exprime pas comme une autonomie mais comme la faculté de choisir à quel maître on se soumet. Ce texte évoque également les relations paradoxales entre le désir, la volonté et les actes. Il invite de ce fait à une réflexion sur l’expérience humaine et croyante, faisant notamment appel à l’éclairage apporté par les approches psychanalytiques.
Le professeur Léchot est revenu sur la manière dont la question de la liberté a été envisagée par les réformateurs du XVIe siècle. Luther évoque la liberté et la servitude radicales du chrétien, mais entre également en débat avec Érasme en contestant sa défense du libre-arbitre. Quant à Calvin, il articule la liberté chrétienne en tension avec la notion de prédestination, qui devait, au départ, constituer un socle de confiance permettant au croyant de s’engager librement dans sa responsabilité de chrétien. Un autre fil rouge de la semaine a d’ailleurs été constitué d’un temps quotidien de lecture suivie d’un texte en commun, La liberté du chrétien, de Martin Luther. Enfin, une table ronde avec une partie des enseignants déjà cités a permis de poursuivre le débat et la réflexion de chacun, puisqu’il avait pour titre « mes espaces de liberté ».
Au plan pédagogique, les enseignant.e.s ont mis en évidence que la mise en perspective historique, la problématisation théologique et la confrontation à d’autres disciplines des sciences humaines permettaient d’élaborer une réflexion et une parole personnelle qui s’inscrivent dans un débat ouvert. Ils ont également montré qu’il y avait différentes manières de travailler en théologie: exposé magistral et questions des participants, dialogue à partir de questions, réflexion après visionnement d’un film, travail d’analyse d’un texte biblique, commentaire de texte, débat, table ronde, rédaction d’une synthèse personnelle… De plus, l’ensemble du camp a été conçu comme une dynamique cohérente, de sorte que les différents apports ont également débouché sur des temps interactifs, des activités créatrices, des jeux, des temps cultuels et des rencontres, notamment avec l’aumônier national des prisons, le pasteur Brice Demié, les pasteurs permanents du Defap, Basile Zouma, Tünde Lamboley et Florence Taubmann, mais aussi la rabbin Floriane Shinski. Cette dernière a en particulier permis de prolonger la réflexion sur le nécessaire débat d’interprétation qu’appelle le texte biblique et ses développements dans la tradition.
Pour mémoire, Alternative théologie est une initiative conjointe de l’Institut protestant de théologie et de la coordination « formation – évangélisation » de l’EPUdF, en particulier le service jeunesse. L’organisation et la conduite de cette édition ont été assurées par le professeur Nicolas Cochand, les pasteures Christine Mielke et Gwenaël Boulet ainsi que l’étudiante en théologie Ludivine Odier.