Karen Lévêque-Coustère est en 3ème année de licence à l’IPT – Faculté de Paris.
Une étudiante pas comme les autres puisqu’elle a exercé durant presque 20 ans le métier de magistrate : substitut du procureur, puis juge et enfin en poste au ministère de la justice. C’est désormais vers la vocation de pasteur qu’elle se tourne. Elle revient pour nous sur la journée Protestantisme et Islam, organisée le 19 novembre à l’IPT-Faculté de Paris.

 

C’est un sacré changement de carrière, comment s’est passé le choix d’une telle orientation ?

En réalité, ça faisait longtemps que je pensais m’engager dans des études de théologie et j’ai profité d’une disponibilité pour le faire. Elle ne devait durer qu’une année, le temps de voir si cela me plairait mais je suis désormais en L3 ! Et j’envisage sérieusement de devenir pasteur.
Je suis issue d’une famille catholique. Cette volonté de service a toujours été là, alors l’étude, pour moi, c’est une manière d’avancer sur le chemin des questions.

 

Tu as participé à la journée Protestantisme et Islam, mardi 19 novembre, à l’IPT-Faculté de Paris. Y a-t-il un avant/après 19 novembre ?

Pas vraiment car j’ai participé il y a deux ans au séjour au Maroc organisé par l’IPT avec l’institut Al Mowafaqa*. J’avais déjà pu constater que certains universitaires remettent en cause le caractère immuable du Coran tel qu’il se présente aujourd’hui. Les discussions autour de ce texte, considéré par beaucoup de musulmans comme « parole incriée », c’est à dire dictée telle quelle par Dieu, étaient déjà à l’œuvre. Il était alors question de l’ordre dans lequel les différentes parties du texte se présentent et qui jouent un rôle dans l’interprétation du Coran. Nous avions eu aussi un cours en histoire ancienne évoquant l’influence de certains mouvements chrétiens, considérés comme hérétiques et exclus mais présents dans la zone de vie du prophète et ayant ainsi eu une certaine influence sur lui. Une visite à la grande mosquée de Paris avec un chercheur nous avait également permis de comprendre qu’il avait existé différentes versions du texte , modifiées au cours de l’histoire.
La journée de mardi nous a surtout permis de comprendre où nous en étions dans la recherche autour du texte, avec l’analyse proposée par la méthode historico-critique.
Le temps de l’atelier fût très pertinent : il permettait de nous faire entrer dans la compréhension d’un verset. Seule, il m’aurait été impossible d’en comprendre le sens.

 

En quoi l’approche de ces textes vous semble pertinente dans le cadre de la formation à l’IPT ?

Il est nécessaire d’être sensibilisé à ce texte, fondamental pour de nombreux croyants en France et dans le monde.
L’espace de dialogue sur le texte me semble cependant encore fragile et limité au domaine scientifique. Le sujet est délicat, il nécessite une approche qui ne soit pas frontale. Le dialogue avec l’Islam me paraît plus facile par le prisme de l’éthique. Il y a là une possibilité de se mettre d’accord sur certains thèmes, comme par exemple le respect de la personne, de toutes les personnes.
Enfin, avoir des éléments de connaissance sur l’approche historique du courant est nécessaire. En tant qu’étudiants, nous nous devons d’être au courant de l’état d’avancement de la recherche.
Mieux comprendre les autres est toujours facteur d’apaisement.

 

* L’Institut Al Mowafaqa offre une formation universitaire en théologie en langue française, enracinée dans le contexte marocain, ouverte sur l’œcuménisme et en dialogue avec la culture et l’islam. Cet organisme est soutenu par le Défap.

 

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