Axel Bühler est arrivé comme professeur d’Ancien Testament à l’IPT de Paris à la rentrée 2024. Interview d’un scientifique théologien.
Vous avez commencé par étudier la physique avant d’étudier la théologie et de l’enseigner depuis cette année à l’IPT de Paris. Comment passe-t-on de la physique à la théologie ?
J’ai en effet suivi des études de physique – que j’aimais et que j’aime toujours ! – jusqu’au Master, à l’EPFL, l’École polytechnique de Lausanne. C’est là, dans cette université plutôt destinée à de futurs ingénieurs, que j’ai commencé à m’intéresser à la théologie. Il se trouve que dans le cursus, nous devions obligatoirement nous ouvrir à des sciences humaines et sociales deux heures par semaine. J’avais opté, parmi les disciplines proposées, pour le cours « Méditerranée : grands textes et mythes fondateurs » qui proposait une approche comparatiste entre mondes égyptien, grec, mésopotamien et biblique dans une perspective historique et philologique. Moi qui venais du milieu évangélique, je découvrais une nouvelle approche de la Bible, moins « premier degré » dirons-nous, à laquelle je n’étais pas habitué. C’était nouveau, j’étais enchanté. C’est grâce à cet enseignement que j’ai lu les livres de Thomas Römer et que j’ai décidé de le rencontrer.
… Thomas Römer, qui allait devenir votre codirecteur de thèse, avec Jean-Daniel Macchi. Est-ce que choisir la théologie et renoncer à un salaire d’ingénieur, de banquier ou de consultant dans le privé n’était pas trop difficile ? Avez-vous hésité ?
Une fois mon master de physique obtenu, c’est vrai que les choses n’ont pas été claires tout de suite. Allais-je poursuivre par une thèse de physique, dans un univers austère et compétitif où les places sont rares et chères, ou travailler dans une grande entreprise du privé comme la plupart de mes amis de l’EPFL ? Je n’étais pas tellement enthousiaste face à l’un ou l’autre de ces choix. Alors que les études de théologie et son enseignement sont tellement riches sur le plan personnel et intellectuel ! Être en contact avec des étudiants, répondre à leurs questions, les faire évoluer, tout cela m’a attiré et convaincu de poursuivre en théologie par un doctorat. Sur le même campus que l’EPFL, l’université de Lausanne m’a ouvert ses portes, puis l’université de Genève, où j’ai en même temps donné des cours comme assistant doctorant. Tout au long de ces années, je me suis plongé dans le Livre des Nombres, sujet de ma thèse.
Parce que vous étiez fort en « nombres » ?
(rires) C’est tout d’abord Thomas Römer qui m’a suggéré de m’intéresser à ce livre qui n’avait pas été beaucoup étudié. Il est le plus récent des cinq Livres du Pentateuque. Comprendre comment il a été formé donne un éclairage intéressant sur l’ensemble du Pentateuque, il a donc un intérêt historique certain. Par ailleurs, c’est vrai qu’il y a beaucoup de nombres dans le Livre des Nombres et qu’un travail de recensement et d’analyse statistique s’imposait !
Le Suisse romand que vous êtes s’habitue-t-il à la vie parisienne ?
C’est vrai qu’ici, il faut aller un peu plus loin pour trouver la forêt que dans le canton de Neuchâtel où j’ai grandi…(rires) Mais j’ai reçu un accueil chaleureux de mes collègues, l’entente est bonne, les étudiants sont intéressés. Il y a une charge de travail intense car beaucoup de choses sont nouvelles pour moi. Mais ma rentrée s’est bien passée !
Propos recueillis par Louise de Benoist