Tu entreprends cette année une formation en théologie à l’IPT, en Enseignement à Distance (EàD). Peux-tu nous en dire plus sur ton parcours professionnel et sur ce choix ?

J’ai toujours voulu que mon métier soit le lieu de la rencontre de l’Autre et un moyen  de rendre la vie de celui-ci un peu plus belle.

A 18 ans, j’ai voulu être prêtre et je suis entré dans une Maison des Vocations. Mais, c’était en 2005 et le Pape fraîchement élu a interdit le sacerdoce aux personnes homosexuelles et je suis donc parti.

Je suis devenu, pendant 13 ans, professeur d’histoire-géographie et de littérature en lycée professionnel. J’ai effectué en parallèle un master d’anthropologie et une année de formation en sciences politiques. Aujourd’hui, je suis membre du cabinet de la Maire du 10e arrondissement, en charge de l’Éducation, du Plan Climat et de la Politique de la Ville (la politique menée dans les quartiers populaires). Un travail qui me prend énormément de temps et d’énergie mais dans lequel je me sens utile au monde, à ma petite échelle.

Mais, j’ai comme un sentiment que cela ne suffit pas, et que j’ai besoin d’aller plus en « profondeur » dans l’action que je souhaite mener dans ce monde. Face aux obscurantismes fous, qui souhaitent parfois avoir le monopole de l’interprétation de la Transcendance, je pense qu’il est important d’aller vers l’Autre et de proposer une vision solidement ancrée dans la Raison et d’affirmer à toutes et tous : « Le Dieu que je crois avoir rencontré t’aime comme tu es. »

 

Tu as suivi pendant la semaine de reprise la journée d’étude sur le Créationnisme, jeudi 16 novembre. Que retiens-tu principalement des interventions faites ce jour-là ?

En amont, j’avais un peu peur de ce thème. Lire la Déclaration de Chicago est pour moi difficilement supportable. Mais il est important de connaître les textes utilisés par ceux qui pensent autrement, de les décortiquer, et d’y répondre.

Les échanges avec les enseignants et camarades ont été un moment à la fois enrichissant intellectuellement et presque émouvant. Je nous ai senti très humbles et toutes et tous touché.es face à ce magnifique texte symbolique et poétique qui a traversé les âges qu’est la Genèse.

Me concernant, savoir quand Dieu a créé le monde et de quelle manière concrète il a agi ou pas, n’est pas une question qui me taraude chaque matin. Les scientifiques y répondront, pas moi, et probablement pas la Bible écrite par des gens qui n’avaient pas les connaissances scientifiques nécessaires.

Mais, ce dont témoigne la Genèse à mon sens, et ce qui importe, c’est la Création de Dieu à l’oeuvre ici, et maintenant, pour moi. Ce récit témoigne bien plus de cette action créatrice actuelle que du Big Bang. J’y vois, comme dans tout mythe, une sorte de cartographie de ce qu’est le Moi dans l’Univers.

Jésus n’est pas venu faire de longues analyses sur ce qu’était Dieu dans le passé. Il est venu à la rencontre de ses soeurs et frères, et leur parler de ce qu’elles et ils étaient ici et maintenant.

Face aux thèses créationnistes, il est important d’apporter des arguments raisonnés affûtés, humblement et sans violence ni colère. Cette journée m’y a aidé.

 

Plus globalement, qu’as-tu pensé de cette semaine de reprise pour les étudiants à distance ? (les points positifs, l’ambiance, tes attentes…)

Rien n’est plus important pour moi, dans la vie de Foi, et dans la vie tout court, que la rencontre avec l’Autre. « Sola scriptura » disons-nous ? Oui, à condition d’avoir à l’esprit que ce texte n’est pas tombé du ciel. Il est une rencontre entre moi, lecteur, et la foule immense des rédacteurs et de leur système de pensée. La Bible est une rencontre divine, mais à travers des rencontres très humaines.

Etudier la théologie seulement à partir de cours écrits, en ermite, serait pour moi un non-sens. Ces journées m’ont permis de voir ma nouvelle école, l’IPT, s’incarner, devenir des visages, des voix, et pas seulement des cours lus sur une plateforme numérique.

Au-delà, ces jours furent un juste équilibre entre apports théoriques et mise en pratique des principes évangéliques. L’attention, la douceur, la rigueur intellectuelle portées par les enseignants et les camarades me font dire que j’ai trouvé le bon endroit où cheminer, et que je peux parler avec fierté de « mon » école. En bref, je l’ai vécu comme un petit rite d’intégration, auquel l’étude du texte de la Genèse faisait symboliquement parfaitement échos, et une source de motivation pour poursuivre mon travail.