Depuis la rentrée, Jérôme Bord est enseignant en philosophie et éthique à l’IPT de Montpellier. Docteur en philosophie de la religion après une thèse soutenue au printemps, il évoque son parcours.

 

Qu’est-ce qui vous a mené à la philosophie ? Et d’où venez-vous, si l’on remonte à plus loin que vos études universitaires ?

Je suis né à Nancy, en Lorraine. La philosophie m’a passionné dès le lycée, et j’ai choisi de poursuivre dans cette voie à l’Université de Lorraine, au grand dam de mon professeur de lycée qui me recommandait une classe préparatoire. Mais à l’époque, je ne voyais pas vraiment l’intérêt de poursuivre un cursus pluridisciplinaire, puisque, bien naïvement, je ne souhaitais faire « que » de la philosophie. J’ai toutefois compris très rapidement qu’en philosophie, on ne faisait pas « que » de la philosophie mais on s’ouvre impérativement à d’autres types de savoirs : artistiques, littéraires, scientifiques, etc.

 

Pourquoi une thèse sur Søren Kierkegaard ?

J’ai commencé à lire Kierkegaard en master, un peu par hasard. Sa philosophie de l’existence, son ironie, sa manière de jongler avec les genres littéraires, tout cela m’a fasciné au point que je décide de lui consacrer mon mémoire de master puis ma thèse de doctorat. Certes, lorsqu’on entreprend des études universitaires en philosophie, on sait – ou en tout cas on le découvre très rapidement – que les moyens et les postes sont rares. Mais parfois, la fascination pour un auteur, une pensée, une question, etc., est assez importante pour aller jusqu’au bout, sans se préoccuper de l’après. Il y a des creux : entre mon master et mon doctorat par exemple, j’ai réalisé un service civique de plusieurs mois à la Ligue de l’enseignement, au cours duquel j’ai eu l’occasion de peaufiner mon projet de recherche. J’ai obtenu un contrat doctoral en 2019 à l’Université de Strasbourg et ai entamé ma thèse sous la direction de Frédéric Rognon et de Vincent Delecroix. Les confinements successifs ont cependant très vite mis un frein à mon travail, m’empêchant d’accéder aux bibliothèques, ajournant les événements scientifiques auxquels je devais participer et m’obligeant à annuler mon séjour de recherches au Danemark…

 

Pourquoi l’enseignement ?

Durant ma thèse, j’ai eu l’occasion d’enseigner la philosophe et la méthodologie à l’Université de Strasbourg, auprès des étudiants en licence de théologie protestante. Cela me plaît de partager des connaissances. Une thèse peut donner lieu à une publication qui sera lue par une dizaine de personnes – si l’on vise large. En enseignant, on partage beaucoup plus largement ce qui nous tient à cœur. Et puis on apprend beaucoup, que ce soit en préparant les cours ou en les donnant, puisque l’on ne peut pas, ou en tout cas difficilement, rester vague, comme dans un mauvais article scientifique. Cela nous force donc à démêler ce que l’on sait – ou croit savoir – jusqu’à ce que les étudiants soient capables de le recevoir et, au mieux, de se l’approprier !