Une immersion d’une semaine dans la langue copte. Telle est l’expérience vécue par dix étudiants de l’IPT – Paris en juillet dernier à Rome. Cécile Richter était du voyage.

« Pourquoi un tel voyage ? Nous avions déjà eu la chance de suivre l’enseignement de Françoise Smith Florentin en hiéroglyphe du Moyen Empire à l’IPT – Faculté de Paris. En parallèle du grec, de l’hébreu et de l’araméen, le copte venait donc tout naturellement compléter cette première initiation à l’Égypte et élargir notre compréhension des milieux culturels liés à la réception des textes bibliques. La grammaire est un outil précieux pour saisir les logiques de communication et de construction d’un texte.

Ce séminaire d’été en copte nous a tout de suite interpellés. Nous étions un total de dix étudiants français, soit presque un tiers des effectifs de cette summerschool. Ce fut l’occasion de rencontrer d’autres étudiants venant des facultés de théologie italienne, allemande ou même américaine. Ces échanges sont nécessaires pour tisser des liens institutionnels mais aussi se confronter à d’autres réalités. En Italie, le protestantisme est minoritaire, comme en France. Les conversations avec nos amis allemands ou anglais permettent de comprendre la diversité des situations et leurs implications sur les disciplines propres aux domaines de la théologie.

J’ai retiré de cette semaine une grande émotion. Ce n’est pas rien de pouvoir déchiffrer un papyrus datant d’il y a presque deux mille ans – grâce à la patience de Vittorio Secco, notre enseignant – , de sentir les hésitations dans le tracé au calame du scribe et de percevoir les difficultés à traduire. Il fallait lutter contre la facilité bien naturelle qui consiste à chercher à retrouver automatiquement les versions auxquelles nous sommes habitués. Le détour par une autre langue, un alphabet un peu différent, nous déstabilise. Et c’est par cet écart, cette tension entre ce que l’on croit savoir et ce dont le texte témoigne, par sa communauté de naissance, que le texte reste ouvert et vivant.

Une semaine c’est court, mais grâce à la bienveillance de nos enseignants de la Faculté vaudoise de théologie à Rome et à l’esprit de cohésion qu’elle a entretenu parmi nous, nous avons atteint nos premiers objectifs : découvrir l’intégralité de la grammaire du copte sahidique en trente leçons*, et prendre plaisir le dernier jour à traduire un texte de l’Évangile selon Marc. Des bords du Tibre, nous avons rejoint l’embouchure du Nil. Ce fut un beau voyage, chaud, éprouvant et dépaysant : au carrefour de deux civilisations antiques, riche d’enseignements pour qui cherche dans les questions posées par ces sociétés anciennes des liens avec nos interrogations modernes.

Il est nécessaire de garder un apprentissage de ces langues pour éviter qu’elles ne soient manipulées ou détournées. Les grammairiens et linguistes sont alors des garde-fous précieux en ces temps de l’immédiateté, propices aux dérives sectaires.

Les journées étaient rythmées par deux séances, une le matin et une l’après-midi, de deux heures chacune. Ce qui nous semblait léger au premier regard s’est avéré être un choix judicieux. Les sessions étaient intenses et requièrent une grande concentration, et ce d’autant plus que les cours étaient dispensés intégralement en anglais. La chaleur de l’été romain nous a permis de découvrir l’efficacité réelle de la sieste, et la grâce de l’eau fraîche des fontaines de Rome. Nos soirées commençaient après un travail individuel, des exercices pour approfondir les points grammaticaux et exercer notre œil à traduire de courtes phrases. Elles nous ont permis de faire plus ample connaissance dans ce décor grandiose qu’est la capitale italienne.

Merci à l’IPT, au programme Erasmus et à tous ceux qui ont permis la réalisation de cette découverte du copte. »

Cécile Richter

* Selon la méthode de l’universitaire Bentley Layton.