Organisé par l’ISEO à l’occasion des 20 ans de la Doctrine de la justification, ce colloque des Facultés s’est tenu du 12 au 14 mars 2019 à Paris. Frédéric Chavel, professeur de théologie systématique et de dogmatique à la Faculté de Paris a répondu à nos questions.

Il y a 20 ans, la Déclaration commune sur la doctrine de la justification, était signée entre la
Fédération luthérienne mondiale et l’Église catholique. Depuis, d’autres Églises ont rejoint cette initiative ou s’interrogent pour le faire.

1 – Pouvez-vous nous en dire plus ?

La DCDJ est un texte technique d’accord dogmatique. Au premier abord, ce type de texte ne parle pas à un large public, et c’est normal. Mais les enjeux touchent tout le monde : il s’agit de montrer comment les différences doctrinales entre Églises ne sont plus facteur de division. Bien au contraire, la réflexion doctrinale devient un lieu de compréhension de l’autre, et de découvertes pour ma propre théologie.


2 – Quels sont les enjeux pour les Églises ?

Il faut du temps pour chaque Église avant d’accepter que l’autre a quelque chose à lui apprendre sur la foi. Derrière des formulations parfois vieillies, une approche œcuménique fait redécouvrir des impulsions décisives pour une réflexion sur l’anthropologie, la justice, l’engagement dans le monde, la sainteté de vie, etc. Si de plus en plus d’Églises s’associent à la déclaration, ce n’est pas par politesse diplomatique, mais en vertu de l’utilité pratique qu’elles trouvent à cet accord doctrinal.


3 – Quels sont les freins les plus importants qui existent aujourd’hui au niveau des pratiques liturgiques et catéchétiques ?

Il n’y a presque aucune trace en catéchèse et en liturgie des nouveaux accords doctrinaux. Selon moi, la difficulté la plus importante est que la plupart du temps la liturgie et la catéchèse ne sont pas conçues dans une optique de communion œcuménique, alors que ce seraient des lieux extraordinaires pour avancer ensemble. Quand nous sommes unis aussi fondamentalement sur le cœur de la doctrine, pourquoi refuser de vivre cette unité dans la célébration et dans la catéchèse ?

Finalement, c’est aujourd’hui la volonté pratique de vivre la foi ensemble qui doit être interrogée.

 

Retrouvez ici le programme du colloque.